Une résiliation de contrat d’assurance par l’assureur peut engendrer des conséquences importantes, notamment lorsque cette assurance constitue la garantie pour un prêt immobilier. Il est crucial de comprendre dans quelles situations une compagnie peut mettre fin à un contrat d’assurance et quelles démarches adopter pour anticiper ces cas. Ce guide détaillé, basé sur le Code des assurances, vous aidera à éviter les mauvaises surprises et à sécuriser vos projets.
Situations permettant à une assurance de suspendre ou de mettre fin à un contrat selon le Code des assurances
Les textes législatifs prévoient qu’à chaque échéance annuelle, l’assuré ou l’assureur peuvent choisir de résilier le contrat. Par ailleurs, en dehors de cette périodicité, l’assureur a la possibilité de résilier si le contrat a été violé—par exemple, en cas d’impayé ou de fausse déclaration. Ces options sont encadrées par plusieurs articles du Code, notamment R113-10, L113-2, L113-3 et L113-9.
Les causes courantes invoquées par l’assureur pour mettre fin à un contrat incluent :
- Retard dans le paiement des cotisations, malgré les rappels.
- Fausse déclaration ou omission volontaire ou involontaire lors de la souscription.
- Détérioration du risque non signalée ou refusée, comme un changement de situation personnelle ou professionnelle.
- Déclaration de sinistre, si cela est prévu dans le contrat (par exemple, une résiliation suite à un incident).
Dans certains cas spécifiques, notamment pour l’assurance auto, une conduite en état d’ivresse ou sous influence de drogues peut également entraîner une résiliation immédiate. De même, la vente ou le déménagement d’un bien assuré peut justifier une fin anticipée du contrat, conformément aux articles L121-10, L121-11 et L113-16.
Quels motifs principaux peuvent pousser l’assureur à supprimer un contrat (fausse déclaration, risque accru…) ?
1. Fausse déclaration ou omission
Lors de la souscription, si vous fournissez de fausses informations ou en omettez involontairement, cela peut entraîner la nullité du contrat. Le Code précise que si l’erreur est intentionnelle, l’assureur peut conserver les primes versées et annuler la couverture. En cas d’erreur involontaire, l’assureur peut aussi augmenter la prime ou résilier le contrat avant un sinistre, si la situation n’est pas corrigée. Dans le cadre d’un crédit, cela peut entraîner une demande de remboursement immédiat du montant restant dû si votre couverture est interrompue.
2. Risque aggravé
Il est impératif d’informer votre assureur dans un délai de 15 jours si votre situation change – comme une nouvelle activité professionnelle ou la pratique d’un sport dangereux. Si l’assureur considère que cette évolution augmente le risque, il peut proposer une surprime. En cas de refus, il peut mettre fin au contrat dans un délai de 30 jours. Pour certains contrats de prêt, cependant, une clause d’irrévocabilité peut rendre impossible la résiliation pour ce motif.
3. Défaut de paiement
Selon l’article L113-3, si le paiement des cotisations n’est pas effectué à la date prévue, l’assureur doit envoyer une mise en demeure après 10 jours. En l’absence de règlement sous 30 jours, la garantie sera suspendue, et le contrat peut être résilié 10 jours plus tard. La dette reste due, et l’établissement peut demander le remboursement du montant impayé, notamment en assurance de prêt, où la banque peut exiger la déchéance du terme si la couverture n’est pas rétablie rapidement.
4. Résiliation suite à un sinistre
Certains contrats prévoient la possibilité de mettre fin à la couverture après un sinistre, conformément à l’article R113-10. L’assureur doit notifier cette résiliation dans un délai défini, souvent un mois, après avoir eu connaissance du sinistre. Le remboursement est calculé au prorata des cotisations payées pour la période non couverte. Des dispositions spéciales concernent notamment la conduite en état d’ivresse ou de stupéfiants dans le cas de l’assurance auto.
Comment une assurance de prêt immobilier peut-elle être résiliée par l’assureur ?
Pour un prêt immobilier, l’assurance garantit la banque et l’emprunteur en cas de décès ou d’incapacité. Elle peut toutefois être résiliée par l’assureur si, par exemple, des fausses déclarations ont été faites lors de la souscription ou si le paiement des primes n’est pas honoré. Selon les articles L113-8, L113-3, l’assureur peut annuler le contrat et réclamer le remboursement des primes. Si la situation évolue, la compagnie peut aussi demander un nouveau contrat avec des garanties équivalentes ou demander le remboursement immédiat du crédit si aucune nouvelle couverture n’est trouvée.
Il est conseillé de vérifier, au moment de la signature, la présence d’une clause d’irrévocabilité pour garantir la continuité de la protection, même en cas de changement de situation.
Autres situations pouvant entraîner la rupture d’un contrat d’assurance (déménagement, décès, vente…)
Le Code des assurances prévoit que certains événements permettent à l’assureur de résilier un contrat sans attendre l’échéance prévue :
- Changement de situation personnelle ou déménagement, comme un mariage, un divorce ou la retraite : l’assureur dispose d’un délai de trois mois pour décider de mettre fin au contrat si la nouvelle situation modifie le risque.
- Décès de l’assuré : le délai de résiliation est de trois mois à compter de la demande du transfert du contrat par l’héritier.
- Vente ou don d’un bien assuré : dès le lendemain de la transaction, le contrat est suspendu, notamment dans le cas d’un véhicule ou d’un bateau de plaisance.
- Perte totale du bien assuré non couverte par le contrat : celui-ci est automatiquement annulé.
Au cas où un sinistre surviendrait dans certains départements, comme le Bas-Rhin ou la Moselle, l’assureur peut également procéder à une résiliation dans le mois suivant la conclusion des négociations relatives à l’indemnité, selon l’article L191-6.
Résumé des principaux motifs de résiliation et de leurs conséquences
Motif de résiliation |
Références légales |
Procédure et délais |
Impacts pour l’assuré |
Retard ou défaut de paiement |
L113-3 |
Notification par mise en demeure, suspension après 30 jours, résiliation au bout de 10 jours sans paiement |
Risque de résiliation, obligation de payer le solde, et radiation éventuelle |
Fausse déclaration ou omission |
L113-8 et L113-9 |
Nullité immédiate ou contestation par justificatifs |
Contrat annulé, primes conservées par l’assureur |
Aggravation du risque |
L113-2, L113-4, R113-13 |
Proposition de surprime, résiliation en cas de refus |
Modification du tarif ou annulation du contrat |
Résiliation après sinistre |
R113-10 |
Notification sous 1 mois après sinistre |
Fin du contrat, remboursement au prorata |
Changement de situation (déménagement, décès, vente) |
L113-16, L121-9, L121-10, L121-11 |
Résiliation possible sous 3 mois |
Contrat suspendu ou résilié, restitution partielle de cotisations |
Que faire si votre assurance est résiliée par l’assureur ?
En cas de résiliation par l’assureur, plusieurs options s’offrent à vous pour continuer à bénéficier d’une couverture :
- Identifier la cause de la résiliation
- Était-ce un non-paiement ?
- Faisait-il référence à une fausse déclaration involontaire ?
- L’assureur a-t-il respecté les délais légaux (lettres recommandées, préavis) ?
- Régulariser ou contester
- En cas d’impayé, essayez de régulariser rapidement votre situation.
- Si vous considérez la résiliation abusive, vous pouvez contester en apportant des preuves.
- Rechercher un nouveau contrat
- Utilisez un courtier pour comparer et trouver une nouvelle offre adaptée, notamment en assurance de prêt.
- Présentez votre dossier de façon transparente aux nouveaux assureurs, même si vous avez été radié précédemment.
- Informer votre banque (pour l’assurance emprunteur)
- Vous devrez fournir une preuve d’une nouvelle couverture équivalente.
- Cela évitera une demande de remboursement anticipé du capital restant à rembourser.
Le Choisir-Assurance.fr prévoit que la résiliation par l’assureur intervient dans des cas précis comme le non-paiement ou une modification du risque. Pour l’assurance de prêt immobilier, cela peut entraîner la demande de remboursement anticipé si les obligations ne sont pas respectées.
En résumé, pour limiter les risques de résiliation inattendue, il est essentiel de respecter ses obligations, de communiquer rapidement toute modification et de vérifier la véracité des informations fournies. Ces démarches vous aideront à maintenir une couverture sans interruption et à assurer la pérennité de vos projets financiers.
À retenir :
- Répondez toujours honnêtement aux questionnaires de santé et d’usage.
- Signalez immédiatement tout changement de situation à votre assureur.
- En cas de litige, agissez rapidement en régularisant ou en recherchant un nouveau contrat.
Adopter ces bonnes pratiques minimise le risque de résiliation subite par l’assureur et vous permet de continuer à bénéficier sereinement de vos couvertures, notamment pour l’assurance emprunteur ou les assurances auto, habitation et prévoyance.