Les principaux inconvénients du PER

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Le Plan d’Épargne Retraite ou PER s’impose aujourd’hui comme le principal dispositif pour bonifier ses revenus lors de la retraite. Il a remplacé d’autres produits d’épargne dédiés à cette échéance, comme le Perco, le contrat Madelin ou le Perp, désormais arrêtés de commercialiser depuis la fin 2020. Si ses nombreux atouts sont souvent mis en avant dans des articles spécialisés, il est tout aussi crucial de connaître ses limites et ses contraintes avant de s’engager.

1 – Fonds immobilisés jusqu’à la fin de carrière

Le principe fondamental du PER consiste à bâtir une somme destinée à soutenir le revenu lors de l’arrêt du travail, en complément de la pension principale. Les fonds accumulés, comprenant les versements et intérêts, restent bloqués jusqu’à ce que vous exerciez votre droit à la retraite.

Cependant, certaines circonstances permettent une sortie anticipée :

  • Décès du conjoint ou du partenaire de Pacs
  • Fin des droits au chômage
  • Procédure de redressement judiciaire
  • Surendettement
  • Invalidité de catégorie 2 ou 3
  • Achat de la résidence principale

2 – Fiscalité à la sortie du plan, selon la situation

Le dispositif permet de déduire les versements de ses revenus imposables, dans la limite des plafonds. Lors du retrait, la fiscalité dépend du mode choisi : en capital ou en rente. Si l’épargne n’a pas été déduite à l’entrée, les intérêts produits seront soumis au PFU (Prélèvement Forfaitaire Unique) de 30% lors d’une sortie en rente viagère.

Il est donc essentiel de déterminer le moment et la façon de retirer ses fonds en fonction de sa situation financière au moment de la retraite, afin d’optimiser sa fiscalité.

3 – Limites à la déduction fiscale

La déduction fiscale accordée lors de la phase d’épargne n’est pas comptabilisée dans le plafond des niche fiscales. Néanmoins, cette déduction est plafonnée à 10% des revenus professionnels ou du bénéfice imposable si vous êtes travailleur non salarié (TNS).

Pour ceux qui peuvent patienter avant de récupérer leur capital, cela permet de réduire fortement leur imposition à terme.

4 – Risque de perdre une partie de l’épargne

Que ce soit via un PER individuel ou un PER d’assurance, deux profils d’investissement existent. L’un, le PER assurance, offre une sécurité maximale puisque ses fonds sont en euros, principalement composés d’obligations d’État. L’autre, le PER investissement, permet plus de flexibilité mais comporte un risque accru de perte en capital en investissant dans des unités de compte, notamment en actions ou autres actifs risqués.

5 – Structure en trois segments dans une seule enveloppe

Bien que réglementairement considéré comme un seul produit, le PER se divise en trois espaces distincts :

  1. le segment individuel ouvert à tous, préférentiellement pour les versements volontaires ou ceux issus de plans antérieurs.
  2. le segment collectif dédié aux salariés, comprenant leurs versements, primes, abondements et autres transferts issus de dispositifs collectifs comme le Perco.
  3. le segment catégoriel réservée à certains groupes professionnels, selon des accords, avec des cotisations obligatoires et des droits issus d’anciens contrats comme l’article 83.

Cette organisation peut complexifier la gestion et la compréhension pour l’épargnant, chaque compartiment étant soumis à ses propres règles. Il est donc primordial d’être bien informé pour éviter toute confusion ou mauvaise gestion.

6 – Rendement souvent imprévisible

Contrairement aux placements réglementés comme le Livret A ou le PEL, le taux de rendement d’un PER n’est pas garanti et est fixé chaque année, à l’image de l’assurance vie. En 2023, la rémunération moyenne tournait autour de 2,5%, contre 1,9% en 2022.

Étant un placement à long terme, il est conseillé d’investir tôt pour optimiser ses gains. Pour une souscription proche de la retraite, il vaut souvent mieux privilégier la sécurité via les fonds en euros.

7 – Coûts cachés et frais divers

Supports de nombreux frais, les PER individuels peuvent engendrer diverses dépenses :

  • frais lors du versement : pouvant aller jusqu’à 5%
  • frais d’adhésion : allant de zéro à 80 €
  • frais de gestion sur fonds en euros : entre 0,6% et 2% annuellement
  • frais sur unités de compte : entre 0,5% et 1% par an
  • frais d’arbitrage : jusqu’à 5% du montant échangé
  • frais lors de changement de gestion : jusqu’à 1%
  • frais en cas de rente ou de capital : jusqu’à 3% sur les sommes en jeu
  • frais de transfert : jusqu’à 5% pour déplacer ses fonds

Dans le cas d’un PER collectif, une part importante de ces coûts est souvent prise en charge par l’entreprise elle-même.

L’écart considérable entre les différentes propositions impose de mettre en compétition les offres et d’essayer de négocier certains frais afin d’optimiser la rentabilité.

8 – Grande variabilité des coûts

Les frais mentionnés précédemment illustrent la disparité notable entre les contrats de PER, où certains pratiquent des tarifs bien plus élevés. Cette hétérogénéité impacte directement la performance de l’épargne, rendant essentielle une comparaison rigoureuse pour sélectionner le contrat le plus avantageux.

9 – Choix restreint en matière de contrat collectif

Le PER se décline en plusieurs types :

  • le PER individuel ou PERIN, accessible à tous sans contrainte particulière
  • le PER collectif d’entreprise ou PERCOL, ouvert par l’employeur pour recueillir l’épargne des salariés (participation, intéressement, versements obligatoires ou volontaires, abondements)
  • le PER catégoriel ou PERCAT, réservé à certaines catégories professionnelles selon des accords spécifiques, avec des cotisations obligatoires et des droits issus d’un ancien contrat (article 83).

L’adhésion au PERIN est volontaire et individuelle, contrairement aux deux autres qui sont souvent le fait d’une décision collective et obligatoire. Il reste néanmoins possible d’en ouvrir un en complément si un autre plan existe déjà dans l’entreprise.

10 – Fiscalité en cas de décès

Les règles fiscales applicables à l’épargne en cas de décès diffèrent selon la structure du PER : assurance ou comptes-titres.

Au décès du titulaire, le plan est clôturé et les sommes sont redistribuées aux bénéficiaires désignés, sous forme de capital ou de rente. Si le PER est sous forme de compte-titres, l’épargne est intégrée à la succession et soumise aux droits de succession selon le régime applicable.

Pour un PER assurance, la fiscalité dépend de l’âge de l’assuré lors du décès :

  • Décès avant 70 ans : les bénéficiaires doivent payer 20% de prélèvements au-delà de 152 500 € reçus
  • Décès après 70 ans : les sommes sont soumises aux droits de succession après déduction d’un abattement de 30 500 €, réparti entre tous les bénéficiaires

En cas de décès après la clôture du PER, si la sortie finale a été en capital, la fiscalité mentionnée s’applique aux sommes non encore récupérées de son vivant ; si la sortie est en rente, l’épargne restante est définitivement perdue, sauf si elle est réversible.